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Créée en octobre 2014, D’ailleurs et d’Ici est une revue sur laquelle il est intéressant de se pencher. Ce projet de 148 pages dont le numéro 3 est en court, a pour mot d’ordre : Informer, Construire, Informer. C’est par le biais de reportages, interviews ou tribunes que l’information circule. La formule? L’affirmation d’une France plurielle.

Note : Dans le cadre de notre partenariat avec la revue D’ailleurs et d’Ici, nous publions ici quelques extraits d’articles issus du numéro 3 intitulé (R)évolution culturelle, qui sortira en octobre. Cela vous permettra de faire connaissance avec ce média et sa ligne éditoriale. Pour en savoir plus, je vous invite à faire un saut sur leur site web sur lequel vous avez la possibilité de précommander (avec tarif promo) le prochain numéro ou acheter les précédents.

covers d'ailleurs et d'Ici (R)évoution culturelle

Les deux couvertures du prochain numéro

Ouvrir nos imaginaires
600 euros, le film à ne pas manquer cette semaine !

«Quand j’étais en rendez-vous avec France Télévisions pour présenter mon premier long métrage, la dame m’a dit, très gentiment d’ailleurs : «Votre film est vraiment très bien. Mais nous, ici, on fait des chaînes de vieux».

Le film en question, c’est 600 euros, sorti cette semaine dans plusieurs de salles. Et son homme-orchestre, c’est Adnane Tragha. Oui, il a tout fait. Tout, et tout seul ! Scénario-réalisation-image-son. «Pas question de chercher des bénévoles pour un long, et comme je n’avais pas de budget, je m’y suis mis sans équipe.» «Épuisant» reconnaît-il, «mais j’adore les challenges».

600-euros-afficheEt le résultat vaut le détour. Le personnage central oscille entre hyperréalisme et figure de BD, entre tragique et fantaisie. Une comédie sociale sur fond d’élection présidentielle, d’abstention massive et de montée du FN. Des thèmes plutôt rares dans le cinéma français. Du cinéma citoyen, oui, mais pas moraliste ni prêchi-prêcha, du cinéma quoi, enlevé, très bien interprété, avec une vraie poésie populaire, voilà qui devrait motiver les festivals en ces temps politiquement troublés ? «Non, y en a aussi plein que ça n’intéresse pas.» Bon… Laissez-moi préciser une chose : n’allez pas croire que Tragha soit un énervé. Tout le contraire. N’empêche, le constat est là : «Oui, les festivals sont peu concernés par ces sujets… C’est comme les commissions du Centre National de la Cinématographie (CNC). Désolé, mais certaines thématiques les sensibilisent assez peu. Je n’ai jamais vu de films sur l’islam, par exemple, avec des personnages musulmans positifs. Pas par manque de scénarios, mais parce qu’ils ne sont pas soutenus. À croire que la banlieue sans le sensationnel deal-tournantes-islamistes, ça ne fait pas rêver. Moi, dans ma vie, la diversité, est, à l’évidence, partie prenante de mon imaginaire, je n’ai pas besoin de forcer la dose.» Par contre, je fais attention à ne pas alimenter les clichés. Dans 600 euros, le comédien noir joue un libraire. Il faut des contrepoids, marre d’envoyer des jeunes au casse-pipe à force d’images négatives !»

Aucun héros
Adnane cite Akhenaton : Aucun héros à notre image, que des truands. L’identification donne une armée de chacals puants. «Trop de comédiens arabes et noirs acceptent des rôles pleins de clichés, ok ils ont besoin de bosser…  Heureusement, on a des Sami Bouajila, des Roschdy Zem. C’est plus dur pour les Noirs. Omar Sy en avocat, ce n’est pas pour tout de suite. J’ai été instituteur. Je connais les besoins en termes d’identification. En 2004, mon mémoire de fin d’école de maître portait sur les albums pour enfants. Les seuls gamins noirs qu’on y voyait, c’était dans des albums dits «africains». Que des enfants à poil, comme dans Kirikou. Une fois, à partir de ces images, j’ai demandé à des CE2 (ils ont huit ans) d’imaginer une ville africaine. Résultat : pour eux, c’était un petit village, pas de voitures ou de vraies maisons. Moi, à mon niveau, je veux participer à rectifier les choses. C’est un devoir. Et ça ne bloque pas ma fiction, bien au contraire. Ça me fait rêver…»

Marc Cheb Sun
Distribution : La 25ème heure.


Culture tzigane en danger
Le Cirque Romanès sur la corde raide

le_cirque_romanes«La richesse culturelle de la France c’est sa diversité. Et le Cirque Romanès en fait partie», tacle Délia Romanès qui dirige, avec Alexandre, son mari, «l’unique cirque tzigane au monde». Juin 2015, ils installent leur petit chapiteau square Parodi, dans le très chic 16ème arrondissement de Paris. Le début des ennuis : dégradations, intrusions, vols… La troupe est la cible de nombreuses attaques xénophobes. Implanté à Paris depuis 22 ans, le cirque n’avait jamais reçu un tel accueil. Certains riverains, soutenus par Claude Goasguen, maire de l’arrondissement, les trainent en justice, lancent des pétitions pour les chasser. D’autres vont jusqu’à dire qu’il n’y aurait plus de chats dans le quartier… car les gitans les mangent ! Pour se protéger, les artistes barricadent leurs caravanes avec du bois. Et les repeignent en vert afin d’être plus discrets. Ambiance… Les détériorations ont engendré de graves difficultés financières et la troupe se retrouve dans une situation critique. D’autant que, depuis les attentats, les salles de spectacle encaissent une baisse générale de fréquentation. «Le combat continue», affirme Délia, la terrible, qui organise une cagnotte en ligne, espèrant récolter 60 000 euros. La somme nécessaire afin de racheter le matériel détruit depuis un an, «pour que notre art et notre culture perdurent». Avec La Lune tzigane brille plus que le soleil !, les Romanès proposent un spectacle unique en son genre. Mots d’ordre : joie de vivre, humour et partage. Ici, pas d’animaux de foire ni de clowns. Un festival de musique, jonglage, funambulisme… Et surtout, beaucoup de poésie.

Maral Amiri
Les soutenir : https://www.helloasso.com/associations/les-etoiles-multicolores/collectes/soutien-au-cirque-tzigane-romanes


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