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Passionné d’art martiaux et de cinéma, c’est tout naturellement que Jess Liaudin se consacre depuis quelques années à sa carrière cinématographique. Cet ancien combattant de L’UFC nous dévoile son parcours. Rencontre avec un bon vivant!

Peux tu nous faire une brève présentation?
Jess Liaudin né le 21/12/73 à Evry, je pratique les arts martiaux et sport de combats depuis l’âge de 8 ans et j’ai commencé la compétition a 16 ans. J’ai combattu à travers l’Europe mais aussi aux Etats-Unis ainsi qu’en Asie dans plusieurs disciplines que se soit le Kickboxing, la boxe thaï, le Karaté plein contact ou encore le Shootboxing. Mais je me suis tout particulièrement distingué dans le MMA où j’ai combattu dans des stades de 20 000 personnes à plusieurs reprises et retransmis à la télévision à travers le monde. A 40 ans après avoir gagné plusieurs ceintures de champions d’Europe et du Monde j’ai pris ma retraite pour me lancer dans le cinéma.

Depuis quelques années maintenant tu te consacres à ta carrière d’acteur, comment passe t’on d’une carrière de combattant MMA au cinoche?
En faite je suis devenu combattant professionnel par accident. Je n’ai jamais vraiment rêvé d’être un champion, j’étais avant tout un passionné d’arts martiaux et je voulais simplement faire quelques combats pour pouvoir tester mes techniques martiales en conditions réelles. Et puis tu fais trois combats, puis quinze et tout d’un coup tu t’aperçois que tu en as presque une centaine sans trop savoir comment c’est arrivé. Pour être honnête pendant très longtemps je m’entraînais comme un amateur et non pas comme un professionnel. Je me reposais sur mon instinct car j’avais une certaine facilité à apprendre les techniques et à gérer la distance pour pouvoir les réaliser. Le problème c’est que du côté physique je n’étais pas aussi doué et à un moment mes techniques n’étaient pas suffisantes. Après avoir changé mes préparations physiques, les victoires se sont vite enchaînées et je me suis retrouvé à l’UFC. Pour ce qui est du cinéma par contre j’ai toujours rêvé de ça, et ce depuis tout petit. A 14 ans, mon premier job était dans un vidéo club tous les mercredi et week-end et vu que j’étais très introverti (mon père m’a battu sévèrement toute mon enfance) et que j’étais à cette période en foyer spécial, le monde du cinéma était vraiment un échappatoire. Un univers dans lequel je me sentais revivre. A cette époque je regardais des films à longueur de journée les uns après les autres.

Sur le tournage d'Antigang

Sur le tournage d’Anti Gang (2015)

J’imagine que ça n’a pas été facile au début. As tu pris des cours de comédie?
Bien sûr! C’est tellement cliché de voir un ancien sportif et particulièrement combattant vouloir faire du cinéma. Je ne voulais pas que l’on croit que je voulais faire ça pour rester dans la lumière. Donc j’ai commencé à zéro. j’ai d’ailleurs souvent caché mon passé sportif. J’ai pris des cours intensifs sur plusieurs semaines à plein temps.  Ensuite des cours particuliers et encore aujourd’hui je travaille toujours mon jeu avec des personnes différentes. Pour ce qui est du cinéma, j’ai mis mon ego de côté et j’ai fait pas mal de figuration. C’est pas évident de combattre dans un stade, de faire des interviews pour la télé et journaux et ensuite se retrouver sur un tournage avec 80 figurants et avoir affaire à un môme de 20 piges stagiaire qui te parle comme si tu étais du bétail dans une ferme. Mais bon, je dois dire que j’étais tous de même content d’être sur un plateau de cinéma. Ma deuxième année, j ai fait des courts métrages. Ma troisième j’ai fait un peu de cascade et j’ai d’ailleurs travaillé sur des films comme Blanche neige et le chasseur ainsi que Thor. Ma quatrième année, j’ai commencé à enchaîner des petits rôles ou silhouette parlante et m’a cinquième année j’ai réussi à avoir mes premiers rôles.

Lorsqu’ils ont écrit Night fare il ont tous de suite pensé à moi pour le Driver car j’avais ce qu’il fallait pour le personnage.

Night Fare de Julien Seri sort bientôt, comment as tu atterri sur ce projet?
J’est rencontré Julien Seri il y a quatre ans. Julien est un ancien Karatéka et il est vraiment fan d’arts martiaux. Il avait entendu parlé de moi… On a discuté dans un café pendant quelques heures et puis c’est tout. Le courant était bien passé et je pense qu’il a gardé un œil sur moi. De mon coté, je bossais et j’étais proactif donc il a du constater que je ne faisais pas ça pour rigoler. Lorsqu’ils ont écrit Night fare il ont tous de suite pensé à moi pour le Driver car j’avais ce qu’il fallait pour le personnage.

Tu voyages beaucoup. D’ailleurs tu étais récemment au Brésil, Quel est ton meilleurs souvenir de voyage?
J’ai eu une enfance assez difficile pour être honnête. J’étais donc très rêveur car c’était une façons pour moi de m’évader de la réalité et de la peur du monde violent qui m’entourait. Je rêvais d’arts martiaux, de cinéma et de découvrir d’autres mondes. Je suis parti de France à 20 ans, j’ai tout d’abord vécu à Houston au Texas, ensuite je me suis retrouvé à Londres en Février 1996. Ce qui depuis, est devenu mon pays adoptif. Entre temps j’ai aussi vécu à Tokyo, en Californie et a Hong Kong, mais je suis toujours revenu a Londres. J’ai toujours voulu voyager et à chaque opportunité, je regroupais toutes mes économies pour partir dans un pays inconnu et découvrir de nouvelles choses et surtout pouvoir m’entraîner avec des pratiquants de disciplines et d’horizons différents. Mon amour pour le voyage fait que j’utilise pratiquement tout mon argent pour se luxe. J’ai littéralement voyagé à travers le monde et pourtant il me reste encore tellement de choses a voir! Le problème est que je retourne trop souvent dans les pays que j’affectionne et tout particulièrement le Brésil. Je suis fout amoureux de ce pays si riche en culture et en bonne humeur. Je compte bien partir vivre là bas pour y finir mes jours.

Il faut non seulement être bon dans la cage mais aussi savoir se vendre et savoir gérer son image en dehors aussi.

Tu as combattu à l’UFC, ce qui n’est pas rien. En gardes tu un bon souvenir?
Complètement oui, l’UFC étais beaucoup moins populaire que ce qu’il est maintenant mais on était tous de même loin des vaches maigres que l’on avait pu connaitre a nos débuts dans le circuit européen dans la fin des année 90. Je me souviens avoir combattu pour 50 euros devant 500 personnes face à un adversaire pesant plus de 10 kg que moi. Alors tu te doutes bien que l’UFC c’était Hollywood! J’étais bien payé, j’avais des sponsors de renom, on combattait dans des stades pleins à craquer et retransmis à la tv. C’était du caviar! J’ai eu de belles victoires et des défaites que j’aurais pu éviter mais c’est la vie et il faut apprendre à faire avec. Aujourd’hui je peux dire que je n’ai aucun regret et j’étais très content et fière d’avoir eu cette opportunité.

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Lors de L’UFC 89 contre David Bielkheden

Quel regard portes tu sur le milieu du MMA en général?
Le sport évolu d’années en années. Avant tu perdais un combat à l’UFC et tu étais viré. Aujourd’hui l’organisation te donnera ta chance si tu es un combattant valeureux. L’UFC a toujours fait du sport business. Rien de nouveau, il faut non seulement être bon dans la cage mais aussi savoir se vendre et savoir gérer son image en dehors aussi. Etre un “warrior” et enchainer les victoire n’est plus suffisant! Certains n’aiment pas ce coté “catch” du sport et d’autres adorent, mais il faut comprendre qu’il faut des personnalités fortes pour pouvoir intéresser le public. Avec internet, on est bombardé d’ informations 24hrs/24 alors il faut pouvoir susciter l’intérêt du public et tout particulièrement des jeunes. Et ça devient de plus en plus difficile.

On attend une éventuelle légalisation du MMA en France, penses tu que cela arrivera un jour?
Tout est une question de temps. Aujourd’hui on est encore plus préparés qu’hier pour recevoir ce genre d’événements en France, alors c’est peut être une bonne chose. Si on avait eu un UFC en France il y a de ça 4 ans par exemple, il n’y en aurait sans aucun doute pas eu de deuxième. Aujourd’hui les gens son plus éduqués à ce sport. On a plus de pratiquants, plus de coachs, de combattants et de fans que jamais. Il faut simplement être prêt à toutes les éventualités. Le vrai problème vient de la fédération de Judo qui est main dans la main avec les politiques depuis des années qui bloque tout. C’est ni plus ni moins qu’un barrage orchestré par cette fédération et rien d’autre. A chaque interviews les dirigeants se rendent de plus en plus ridicules et n’ont aucun véritable argument, mais ils sont potes avec certains dirigeants de notre pays donc ils ont le pouvoir. Je pense qu’on n’a plus à prouver que notre sport n’est absolument pas dangereux. Je pense plutôt qu’il faut poser d’autre questions à tous ces politiciens et leur demander si il ne veulent pas de notre sport pour la sécurité des pratiquants ou simplement parce qu’ils ont peur perdre de l’argent et des votes auprès de leur copains en Kimono ?

La journée type de Jess Liaudin se déroule comment?
Rien de bien passionnant pour être honnête. Si je ne suis pas en tournage ou en voyage, je travaille comme coach sportif 6 jours par semaines. Je me lève a 5h30 et je donne mes premiers cours à 6h45. Je donne des cours particuliers ou collectifs jusqu’à 11h00, ensuite je m’entraîne ou je fais 90 minutes de musculation. Ensuite je rentre chez moi où je m’occupe du chien, je fais le nettoyage, la bouffe et je réponds à mes mails. Je retourne à la salle pour 15h30 ou je m’entraîne une deuxième fois en arts martiaux (travail de sac, pal ou sparring) pour ensuite donner des cours jusqu’à 20h30 ou je rentre cher moi.

De projets sur le feu?
Un peu de promo pour Night fare bien sûr, qui sort le 13 janvier en salles. Je viens de finir de tourner un court métrage avec Michael Paris qui avait réalisé Spawn: The recall et qui avait rencontré un grand succès (plus de 2 millions et demi de vues sur Youtube). Un projet vraiment sympathique mais aussi très technique. Je suis vraiment impatient de voir le résultat! Sinon oui, quelques offres mais tant que rien n’est fait, je ne préfère pas en parler. De mon coté j’écris un scénario basé sur un aspect de ma vie que personne ne connais vraiment. Je projette également d’écrire une pièce de théâtre car c’est une aventure qui me plairait énormément!

Night Fare de Julien Seri
Avec : Jonathan Howard (Chris), Jonathan Demurger (Luc), Fanny Valette (Ludivine), Jess Liaudin (le chauffeur), Edouard Montoute (le policier)
Date de sorti : 13 janvier 2015 – Durée : 1h20 – Genre : Thriller


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